Texte Jeanine Rivais

« Mathilde Le Mancq est jeune. On peut donc se demander avec un peu d’humour, si c’est du fait d’être encore à l’âge où les souvenirs restent vifs qu’elle joue avec des cubes ? Et si elle ne serait pas férue d’histoires policières, qu’elle légende lesdits cubes en anglais, voire en vieil anglais, ce qui est tout de même très inattendu et original !

À des volumes très géométriques, elle allie des formes coniques fantaisistes, façon pots à tabac géants. Et si une partie des faces ou des rotondités sont ornementales, (damiers, tirets entrecroisés, espaces pointillés, fleuris, couverts de minuscules croix de toutes natures)… son sous-bois de champignons dont les chapeaux rouges couverts de points blancs évoquent les mortelles amanites, pourrait bien être la transition entre ces éléments décoratifs et la « philosophie » de l’artiste?

Car le reste des surfaces est consacré au « dit » dessiné ou écrit de Mathilde Le Mancq. Une philosophie par vraiment optimiste, d’ailleurs. Car si certains clowns rigolent ou font des clins d’yeux au visiteur, si un Nounours prend un petit air farceur… une déclaration fait tache, écrite en gros caractères : « I AM THE QUEEN OF NOTHING » : « Je suis la reine de rien du tout » ! Si jeune et si désabusée, écrivant ailleurs « All that is left are the old days », « Tout ce qui reste sont les jours anciens » ; « NOTHING GETS BETTER » (Rien ne s’arrange) ; « Careful not to step on my… dreams » (Attention de ne pas marcher sur mes rêves…). Ce désenchantement écrit peut être contredit par les clowns déjà évoqués qui sont dans leur rôle drolatique (encore que certains font grise mine !) ; mais corroboré par des joueurs à l’air sinistre ayant sans doute perdu jusqu’à leur chemise ; par un majeur surallongé faisant un doigt d’honneur ; par un « employé » à lunettes, la joue appuyée sur sa main, l’air mortellement ennuyé, clamant « Monday fun » (le plaisir du lundi) ; etc.

Toute cette création est réalisée en grès cuit à très haute température ; faite de plaques décorées aux engobes de porcelaine sous glaçure transparente ; côtoyant d’autres pièces de puzzles, motifs géométriques ou morceaux en relief avec ou sans travail d’émail.

Pour employer un vocabulaire très à la mode, l’œuvre de Mathilde Le Mancq combine l’intime et l’extime. Ses cubes et ses cônes, qui offrent toute une gamme de motifs et de thèmes variés sont comme les bribes d’un récit imaginaire nourri de réminiscences et leur mise en scène leur donne une puissance intemporelle.

A suivre! »

Jeanine RIVAIS

juin 2018

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